Le Kneiff, le Signal de Botrange et le Vaalserberg en randonnée dans la même journée (European Peaks)

Le Kneiff, le Signal de Botrange et le Vaalserberg en randonnée dans la même journée (European Peaks)

Dimanche 2 novembre 2014, 19 H 03. Je repars à l’aventure, enfin ! J’écris ces quelques lignes depuis le terminal 2 de l’aéroport Lyon-Saint Exupéry où mon avion doit décoller dans moins de 50 minutes. J’ai hâte. Le voyage en voiture depuis Albertville s’est bien passé, je pars très motivé. Direction désormais en avion l’aéroport de Metz-Nancy Lorraine, pour rejoindre ensuite le Luxembourg, la Belgique puis le Pays-Bas, où mon objectif est d’atteindre le plus rapidement les points culminants de ces 3 pays : le Kneiff, le Signal de Botrange et le Vaalserberg. Ce ne sera pas de la haute-montagne, ni même de la montagne, mais le défi est de taille ! Il faudra lutter contre la fatigue et l’épuisement pendant près de 24 heures.

Mon plan de course est le suivant : je vais récupérer ma petite voiture de location demain matin lundi vers 10h00, puis je vais rouler vers le Luxembourg et la commune de Troisvierges (située au nord du pays), pour atteindre le sommet du Kneiff (alt 560 mètres), point culminant du Luxembourg. Un parcours d’environ 30 kilomètres m’attend (que j’ai tracé moi-même), autour des villages de Wilwerdange, Drinklange et de Goedange. Je prendrai ensuite la direction de la Belgique pour rejoindre le point culminant du pays, le Signal de Botrange (alt 694 mètres) qui se situe dans la commune de Waimes, à proximité de la ville de Malmedy. Environ 24 kilomètres à parcourir, sur le magnifique plateau des Hautes Fagnes, que j’ai hâte de découvrir. Mon parcours passera dans la commune de Robertville, pour découvrir le barrage local, construit sur la rivière de la Warche. Enfin, je prendrai la direction du troisième et dernier pays de mon projet, le Pays-Bas et son point culminant, le sommet du Vaalserberg (alt 322m). Un tracé de 20 kilomètres au programme est prévu, que je raccourcirai en fonction de mon état de fatigue et de mes probables courbatures aux jambes. Le point culminant se situe sur le point tri-frontière entre le Pays-Bas, la Belgique, et l’Allemagne.

Mon objectif est d’atteindre ces trois sommets en moins de 24 heures. Aller au sommet de ces 3 pays rentre dans le cadre de mon projet « European Peaks », défi sportif qui consiste à atteindre le point culminant de chaque pays d’Europe. Et pour cette aventure, direction le Bénélux pour 24 heures qui s’annoncent éprouvantes ! Ce ne sera pas chose simple car il faudra, en plus de l’effort physique, gérer les trajets en voiture entre les 3 sommets. Mais je suis très heureux de découvrir le Bénélux et de pouvoir me changer les idées lors de cette petite escapade. À noter que ces 3 longues sorties de course à pied vont me permettre de faire du foncier et d’améliorer ma condition physique pour préparer correctement la saison d’athlétisme et les prochaines compétitions qui arrivent, prévues en indoor sur 400m et 800m cet hiver avec mon nouveau club, l’Entente-Athlétique-Centre-Isère. Je suis très motivé ! Après l’ascension de la Zugspitze (2962 mètres d’altitude, point culminant d’Allemagne réussi en juillet 2014), ces sommets seront respectivement les 11, 12 et 13ème points culminants de pays réussis à travers le monde. L’avion va bientôt décoller… l’aventure commence !

Le Kneiff, le Signal de Botrange et le Vaalserberg en randonnée dans la même journée (Luxembourg, Belgique, Pays-Bas) 

Dimanche 22 H. Me voici à hôtel Campanile de Pont-à-Mousson, dans une très belle petite chambre. Je prends un moment pour rassurer mes proches au téléphone et leur dire que le voyage en avion s’est très bien passé. J’avais pour projet de dormir par terre à l’aéroport pour faire des économies, mais étant sorti du terminal pour récupérer ma valise, je ne pouvais pas rester la nuit entière dans le hall d’entrée. C’est dommage car l’hôtel et le taxi vont me couter cher, mais au moins je serai en pleine forme pour la suite de mon aventure ! Je vais au dodo… Une longue et éprouvante journée m’attend demain.

Lundi 3 novembre 2014, 8 H 30. Après une longue nuit de sommeil, je prends un petit déjeuner copieux dans l’hôtel où j’ai passé la nuit (jambon, fromages, crêpes) pour prendre des forces. À 8h45 je rejoins devant le Campanile la voiture de location ADA, qui me servira à voyager dans le Bénélux pendant ces 2 jours. C’est une petite Mazda 1 de couleur blanche, au top ! Après quelques réglages administratifs à l’agence ADA, me voila parti en direction du Luxembourg pour atteindre le sommet du Kneiff, point culminant du pays. Je passe à proximité de Metz, puis d’Amneville et de Thionville. Je traverse la frontière Luxembourgeoise aux alentours de 10 heures. Mon objectif est de rejoindre Troisvierges, ville située au Nord du pays et à proximité du sommet. Je continue mon chemin dans des paysages très agréables, à côté d’immenses étendues vertes aux couleurs de l’automne, c’est vraiment merveilleux! J’atteins après 2 h 30 minutes de route Troisvierges, et je poursuis mon itinéraire vers la commune de Wilwerdange, village situé le plus proche du Kneiff. La route est très étroite, je conduis le plus prudemment possible.

Lundi 10 H 15. Je pose ma voiture à côté de l’Église de Wilwerdange, j’enfile mes baskets, je prépare ma montre GPS et je commence à courir. Tout est calme, l’ambiance est vraiment agréable. Je rejoins rapidement la petite colline surplombant le village (en son sommet se trouve le Kneiff), la reconnaissant des photos que j’avais regardé sur internet. Après 20 minutes de footing depuis le parking où j’ai garé ma voiture, je suis au sommet du Kneiff, à 560 mètres d’altitude, point culminant du Luxembourg. Je trouve la petite borne blanche symbolisant le sommet et symbolisant le point culminant du pays.

Après quelques photos et des panoramas vidéos pour garder en souvenir ce sommet, je continue en trottinant ma petite balade. J’adore cette région ! Je reviens sur mes pas et je rejoins à nouveau la commune de Troisvierges, cette fois-ci en courant. Je traverse ensuite Goedange, Huldange, puis je visite en courant et en marchant le village de Drinklange, la musique dans les oreilles en admirant le paysage. Je me défoule et je suis très heureux d’être là. Il ne fait pas chaud et le ciel est très nuageux. Après 2h45 minutes de course et environ 25 kilomètres de parcours, je stoppe mon effort et je retourne à ma voiture. Je veux garder des forces et de l’énergie pour les prochains sommets. Le périple ne fait que commencer !

Adossé à ma voiture de location, je me ravitaille et je fais quelques étirements. Des vêtements chauds sur les épaules, me voilà parti en direction du Signal de Botrange, point culminant de la Belgique. J’enregistre dans mon GPS la ville de Malmedy, située toute proche du sommet après étude de la carte. Le GPS m’indique 55 minutes de trajet. Au fil des minutes, les paysages sont toujours aussi agréables à regarder. En voiture, je ralentis mon allure car il commence à pleuvoir et car la route devient glissante. Arrivé à Malmedy sous une grosse tempête, je réoriente mon GPS sur la ville de Waimes grâce aux conseils des habitants locaux. Je ne suis plus très loin du sommet! Les panneaux m’indiquent que je m’approche du Signal de Botrange et du plateau des Hautes Fagnes, c’est une bonne nouvelle car je ne suis pas perdu. J’atteins le merveilleux lac de Robertville, absolument fantastique de beauté avec les couleurs de l’automne. J’admire le paysage et je prends plusieurs photos. Quel spectacle…

Lundi 13 H 15. Après une petite pause au lac de Robertville (d’une superficie de 62ha) pour me dégourdir les jambes, j’arrive sur le plateau des Hautes Fagnes, je continue ma route sur quelques centaines de mètres et j’aperçois sur ma gauche en montant, le Signal de Botrange, grand bâtiment dominant les lieux de toute sa force. Le parking est désert, je me gare et je grimpe quelques mètres plus loin les escaliers permettant d’accéder au sommet, situé précisément sur une petite bute en béton construite derrière le bâtiment du Signal de Botrange. Il faut savoir que cette bute en béton, construite artificiellement, permet d’atteindre symboliquement les 700 mètres d’altitude (car sans cet escalier, le Signal de Botrange culmine à 694 mètres de hauteur). Alala, ces Belges !

Avec un grand sourire, je me dresse au sommet de la bute ! Je suis au sommet du Signal de Botrange, à 701 mètres d’altitude, point culminant de la Belgique, après seulement 30 secondes d’ascension depuis ma voiture (rires) ! 5 minutes plus tard, je mets mes baskets pour la deuxième fois aujourd’hui, et je commence à courir sur le plateau des Hautes Fagnes, où les paysages et la vue sont fantastiques. Tout est immense ici (la réserve naturelle des Hautes Fagnes est d’une superficie de 45 kilomètres carré), je suis absolument seul dans des paysages désertiques. Il ne fait pas chaud et la pluie légère continue. Je poursuis ma course sur le parcours que j’avais prévu à l’avance, qui est superbe. Les passages sur les passerelles en bois pour éviter les champs marécageux sont magiques ! Les cyclistes doivent se régaler ici, surtout en VTT !

Sur les multiples sentiers de randonnées des Hautes Fagnes, je suis heureux, tout simplement ! La musique dans les oreilles m’encourage, et je suis très satisfait de mes chaussures de trail-running (les Salomon S LAB), très légères et très confortables mais avec très peu d’amorti. Après 2h50 minutes d’efforts et 22 kilomètres de distance environ, je rejoins ma petite Mazda 1. Mes jambes me font mal (j’installe mes manchons de récupération sur mes mollets) et je commence à ressentir la fatigue de ces nombreux kilomètres. Même si mon rythme de course est faible depuis ce matin (9km/h environ), je ne suis plus habitué à des grandes distances, mon entrainement quotidien s’axant depuis septembre sur le demi-fond et plus précisément sur les distances du 400m et du 800m. Sur le parking du Signal de Botrange, je mets des vêtements chauds, je grignote un paquet de chips et j’oriente mon GPS sur la ville de Vaals, située à proximité de la ville d’Aix-la-Chapelle, pour rejoindre ensuite le Vaalserberg, point culminant des Pays-Bas. Je passe en voiture devant la baraque Michel, et m’arrête quelques minutes plus tard dans une petite friterie sur le bord de la route. Je mange enfin un repas chaud, cela me fait beaucoup de bien. Je me repose quelques minutes en lisant mon livre du moment, « Inferno » de Dan Brown. Passionnant et intriguant.

Lundi 17 H 30. Après un bon repos, je reprends mon chemin. Il fait désormais nuit, et la pluie tombe de plus en plus fort. Je conduis le plus prudemment possible. Le troisième sommet de mon projet se rapproche… Je passe la frontière Allemande en voiture pour quelques minutes seulement, et je contourne la ville d’Aix-la-Chapelle. Je repasse la frontière dans l’autre sens tout en continuant ma route jusqu’à la ville de Vaals (province du Limbourg), et monte sur la colline du mont Vaalserberg, point culminant des Pays-Bas, et point tri-frontière avec l’Allemagne et la Belgique. La vue de nuit est fantastique, j‘aperçois en contre-bas la ville de Vaals, toute éclairée avec des milliers de petites lumières. Je me gare dans le parking le plus proche du « sommet », et j’enfile une doudoune (il fait désormais froid et la pluie n’arrange rien). Je rejoins en trottinant, les jambes un peu lourdes, le sommet du Vaalserberg, point culminant des Pays-Bas. Le sommet est symbolisé par une petite plaque, où il est écrit « Hoogste Punt Van Nederland, 322.5m », ce qui signifie en Français « Le plus haut point des Pays-Bas ».

Je suis très heureux, je suis sur le point culminant des Pays-Bas et je viens de réussir mon pari, celui d’atteindre le plus rapidement possible les 3 sommets du Bénélux que je voulais « grimper ». Les commerces à proximité (bars, restaurants, magasins de souvenirs) sont déjà fermés, seuls quelques sportifs et runners sont dans les environs. Je me change une dernière fois pour la journée, et je commence le dernier parcours d’environ 17 kilomètres de distance. Je raccourcirai le tracé, en fonction de mon état de fatigue et de mes jambes.

C’est parti… avec les grosses têtes de Philippe Bouvard dans les oreilles, comme lors de toutes mes ascensions de grands sommets à travers le monde. 2 heures plus tard, fatigué et affamé, ayant beaucoup marché sur ce dernier parcours, ayant bien souffert du manque de puissance de ma frontale (100 lumens), je retrouve ma voiture, passe un appel téléphonique à mes parents et j’envoie un message à ma chérie. Je suis heureux comme jamais et je suis très fier de moi ! Je me change, je redescend dans la vallée, et je pars à la recherche d’un restaurant pour me ravitailler dans la ville de Vaals.

Lundi 21 H 00. Je rentre dans un restaurant grec dans le centre de la ville de Vaals, et je commande à manger. Le repas est excellent. Vers 23 heures, je commence mon long retour en voiture vers la France et vers Metz. Je fais une pause vers 2h du matin en Allemagne dans une aire d’autoroute. Je suis exténué et il devient très difficile de conduire. Une tempête fait rage dehors, les rafales de vents sont impressionnantes ! Je n’arrive pas à dormir, j’alterne petite sieste et lecture de mon livre. Il fait froid, je rallume plusieurs fois ma petite voiture pour mettre le chauffage et me réchauffer. Ayant abandonné l’idée de dormir correctement, je redémarre vers 4 heures du matin mon trajet avec seulement 1 petite heure de sommeil. Mes yeux me brûlent ! La tempête ne se calme pas, je suis très concentré en conduisant. Je m’arrête quelques minutes dans une aire d’autoroute pour déjeuner, avec des routiers comme voisins de table ! Manger me revigore après une nuit très difficile. J’arrive vers Metz aux alentours de 10 heures du matin.

Mardi 4 novembre 2014, 11 H 00. Épuisé par la route et par ma journée de sport d’hier, je m’installe dans un confortable hôtel Ibis, vers la ville de Woippy, et je prend une douche avant de commencer une longue sieste. Le réveil vers 18h est douloureux. Motivé, je rechausse mes baskets pour faire du fractionné (du 30-30) dans les environs de Woippy, pour « débrider la machine » comme dirait mon entraineur d’athlétisme. Je rentre 1h30 minutes plus tard, je prend une douche chaude et je pars manger à l’hôtel. Je commande une gigantesque pièce de viande avec un pichet de vin rouge ! Rapidement je remonte dans ma chambre, je passe un coup de téléphone à ma chérie, et me voilà débutant une longue nuit de sommeil.

Mercredi 05 novembre 2014, 12 H 00. J’ai très bien dormi cette nuit ! Le réveil de mon téléphone a sonné vers 8h30 pour que je puisse retourner à l’agence ADA et déposer ma voiture de location avec pour elle, plusieurs centaines de kilomètres de plus au compteur. Le responsable de l’agence interloqué devant la grande distance que je viens de faire en 48 heures avec sa voiture me fait payer une belle petite majoration, avant de me raccompagner à l’aéroport de Metz-Nancy Lorraine d’où je vous écris ces quelques lignes. Une superbe aventure se termine, mon compteur « d’alpiniste » passe désormais à 13 points culminants de pays réussis à travers le monde. Je suis fatigué mais très heureux de ce petit séjour ! Vivement l’année prochaine, et un retour programmé en haute-montagne, avec des objectifs et des rêves pleins la tête. Pour le moment, je replonge dans mon livre pour finir le récit magique de Dan Brown ! Il est midi, et l’avion ne décolle pas avant 17h50. Il va falloir être très patient.

Régulièrement dans l’après-midi, je fais des étirements dans la petite salle où je me suis installé. Je bois également beaucoup d’eau. Dès demain, ma préparation physique recommence pour ma saison hivernale d’athlétisme en salle. Je suis motivé alors place à la suite. À très vite…

Note : comme certaines personnes me l’ont fait remarqué par messages (mais je le savais, merci quand même), le Vaalserberg est le plus haut sommet des Pays-Bas « zone Europe » mais n’est pas le plus haut sommet du « royaume des Pays-Bas ». Le point culminant du royaume est en effet le sommet du Mont Scenery (887 mètres d’altitude), sommet qui se situe sur l’île de Saba dans les Caraïbes. L’île de SABA appartient effectivement au Pays-Bas, et se situe au Nord des Petites Antilles et à l’EST de Porto Rico ! Est-ce que j’aimerai grimper un jour le Mont Scenery ? L’accès au Vaalserberg n’était déjà pas évident, alors que dire de l’accès au Mont Scenery ?!  Je n’ose pas l’imaginer… (rires) !!

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